La pandémie de Covid-19 a confirmé l’appétence des Françaises et des Français pour la pratique sportive. Lors des confinements en particulier, le sport exercé à proximité du domicile, mais surtout à domicile, a été largement plébiscité. Dans le dernier cas, les personnes ont pratiqué le plus souvent des exercices de musculation, de cardio ou de yoga, grâce à la reconfiguration de leur logement (des marques comme Décathlon ont ainsi largement équipé les ménages, proposant des kits d’entrainement faciles à utiliser chez soi ; de même, les cours proposés en ligne sur des plates-formes ont explosé). Quelle que soit la configuration choisie, l’envie et le besoin de faire « quelque chose de son corps » ont été au cœur de cette demande accrue de sport.
Cette préoccupation de l’exercice sportif du corps n’est pas un phénomène nouveau en soi. Les Françaises et les Français sont de longue date des adeptes des salles de sport, et plus particulièrement de fitness. Si l’on considère les études récentes, en 2019 six millions de personnes environ étaient affiliées à une des 4 370 salles de fitness présentes en France. En tendance, on considère que la progression de l’adhésion à ce type de salles est d’environ 4 % à 5 % par an.
Mais plus largement, ce souci du corps actuel est aussi le résultat d’un long processus historique de « civilisation », entamé au XVIIIe siècle particulièrement, promouvant progressivement l’idée que l’individu est au centre de la société. Avec l’effacement des grands repères idéologiques « imposés » comme le communisme politique ou l’adhésion à des grandes religions, l’individu est renvoyé à lui-même, et c’est à lui de se construire une identité. Ce processus implique une centration sur le corps, cette « ressource physique » directement accessible pour chaque individu.